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Costume d'avocats le matin, tenue de balayeur l'après-midi !!

Bonsoir,

 


Costume d'avocats  le matin, tenue jaune fluo de balayeur l'après-midi, voici la double vie étonnante de Marcelo Iriarte, cet Argentin de 41 ans n'a pas seulement la voix posée et le pas assuré de l'avocat, il en a aussi le costume et la cravate. Chaque jour, pourtant, entre 13H00 et 21H00, Marcelo Iriarte enfile une tout autre tenue, jaune fluo, celle du balayeur.

"J'avais une double vie", dit-il au passé, comme si la page était tournée. "Je quittais un monde pour entrer dans un autre : il fallait parler autrement ou alors à se taire pour ne pas vexer".

Cette vie n'est pas finie : dans quelques heures cet homme attachant et doux reprendra son travail de balayeur. Mais sans doute plus pour très longtemps. Son histoire fait la Une des journaux et passe en boucle sur les écrans : "le balayeur devenu avocat et porter sa robe d'avocats pour hommes" - c'est une histoire qui fait rêver dans ce pays d'immigrés.

C'est une histoire "aigre-douce", nous prévient-il en flânant dans les rues dont il connaît chaque pavé.

Enfant d'une famille pauvre, Marcelo travaille dès 8 ans. Il vend des journaux à la criée, des bonbons dans les bus.

Un soir, n'arrivant plus à vendre des balais, il décide de faire tous les magasins d'une même rue. "Ils ont fini par me les acheter, se souvient-il, car je leur faisais trop de peine".

C'est une histoire qui finit bien. Mais ce n'est pas un "happy end".
Marcelo est empreint de nostalgie. Son sourire est celui de quelqu'un qui a vécu. Nous sommes au pays des Européens piégés au fond d'un port. Au pays du pessimisme et de l'humour noir.

"C'est ici que travaillait la fille qui a changé ma vie", explique-t-il au coin d'une rue, montrant une ancienne usine délabrée. Elle s'appelait Laura. Lui avait 27 ans et était chauffeur de bus. Le 126, qui passe encore, dans un nuage de fumée, alors qu'on parle.

Elle insistait : Marcelo devait lâcher le bus et reprendre ses études. Laura l'inscrira elle-même au lycée. Elle est restée comme une image, une bonne fée. "Je ne l'ai jamais revue", dit-il.

"Quelle allure ! Regardez-le !" Ce bout de femme qui le taquine de loin c'est Beatriz Rolon, 54 ans, vendeuse de café. "Nous sommes fiers !", dit-elle en offrant une tasse au fils prodigue, comme au temps où il révisait, assis à côté de son chariot. "Il mérite sa réussite, après tous ses sacrifices !".

Marcelo se lève à 04H00 pour son cours de 07H00 et il ne rentre pas avant minuit, après les cours du soir. "J'ai fait un travail de fourmi et j'ai beaucoup perdu en route", confie-t-il.

Il ne veut pas oublier ce qu'il a perdu. Mais il le garde pour lui. Le bien-être matériel ne l'intéresse pas ou alors seulement comme un moyen de pouvoir se dépasser. "J'étais muet. Les études m'ont donné la liberté de penser".

Marcelo est en plein dilemme : les offres d'emploi se multiplient, mais le métier d'avocat n'offre pas la sécurité de Cliba, l'entreprise publique de nettoyage de la capitale.

"Maintenant que la vue est dégagée, l'horizon est immense!", ironise son chef, Miguel Noell, 59 ans. Il ajoute : "Mais il doit y aller ! Je ne veux plus le voir ici !"

C'est alors qu'on se rend, comme au premier jour, à l'université. Marcelo enjambe les marches avec la légèreté de celui qui peut jouer au touriste.
Il montre le mur où il a vu son nom pour la première fois. "Je t'ai vu dans la presse, à la télé. Tu es devenu célèbre !", lui lance son professeur de droit, Adrian Carta, barbe bien taillée et jeans.

"Il n'a jamais eu besoin de notre aide, dit, à ses côtés, une camarade de classe, Elizabeth Villanueva, 39 ans. C'est plutôt lui qui nous a aidés".

 

 



19/12/2011
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